Renforcer les liens

Experts answer a participant's question

 

Réflexions sur le symposium sur les aortopathies héréditaires 2023

Dans le domaine des conférences médicales, peu d’expériences sont aussi profondes et transformatrices que la participation à un événement qui rassemble des patient.e.s, des professionnels de la santé et des chercheurs, tous unis par une mission commune. Le symposium sur les aortopathies héréditaires, qui s’est tenu à Halifax, en Nouvelle-Écosse, les 23 et 24 juin 2023, témoigne de la puissance de l’échange de connaissances et de la création d’une communauté de soutien.

 

Ce symposium, qui a rassemblé une grande diversité de participant.e.s, a offert aux personnes touchées par les troubles aortiques héréditaires une occasion unique de nouer des liens, d’apprendre et de partager leurs expériences. Dans ce blog, nous allons nous pencher sur deux perspectives distinctes fournies par Amiel, un patient atteint du syndrome de Loeys-Dietz (SLD), et Sally, une étudiante qui aspire à devenir une conseillère en génétique.

Témoignage d’Amiel :

« En tant que patient vivant avec le SLD et ayant participé au SAH à Halifax (le 24 juin 2023), j’aimerais prendre le temps de partager mon expérience personnelle de cet événement, avant, pendant et après la conférence. Rempli de moments réconfortants et de connaissances en recherche intéressantes, cet événement m’a offert beaucoup d’espoir pour l’avenir et d’informations sur ma maladie génétique. Mes réflexions sont les suivantes :

Experts answer patient questions in workshop session

Avant l’événement

            Pour bien comprendre mes pensées et mes émotions à propos du SAH, j’aimerais débuter par la décision initiale de participer ou non à l’événement. Avant même de m’inscrire à la conférence, j’ai ressenti beaucoup d’hésitation et d’anxiété pour différentes raisons. Tout d’abord, cet événement se déroulait à Halifax, en Nouvelle-Écosse, loin de mon lieu de residence à Mississauga en Ontario. Deuxièmement, cela signifiait qu’il fallait prendre l’avion – ce que je n’aime pas du tout faire étant donné que j’ai le mal des transports, que je suis enclin à avoir des nausées et que j’ai des problèmes de santé en général. Troisièmement, je devais payer de ma poche le coût du voyage, ce qui augmentait mon anxiété financière étant donné que je prends actuellement une année sabbatique scolaire et professionnelle pour me concentrer sur ma santé.  Quatrièmement, comme je suis d’une autre province, je ne savais pas si je connaîtrais d’autres participant.e.s, ce qui rendait la conférence plus intimidante. Finalement, après avoir eliminé toutes mes craintes et mes inquiétudes, j’ai décidé qu’il s’agissait d’une occasion extraordinaire que je ne pouvais pas manquer ; il ne s’agissait que d’un engagement d’une fin de semaine et au moins, je pourrais découvrir une autre partie du Canada. À mon arrivée à Halifax, mes doutes ont été rapidement apaisés lorsque j’ai rencontré les personnes les plus gentilles que je connaisse, quand aussi j’ai mangé des plats des plus délicieux et que j’ai contemplé la merveilleuse ville et son pont du port dont je suis tombé amoureux- à tel point que je voulais m’y installer (mais ça, c’est une histoire pour une autre fois). Comme je n’avais qu’une journée pour visiter et découvrir Halifax, puisque le congrès était divisé en deux journées (une pour les professionnels de la santé et une pour les patient.e.s et leurs familles), j’en ai profité au maximum, ce qui m’a permis d’avoir des sentiments plus positifs à l’égard du SAH.

Pendant l’événement

            Vers 7 h 50, le 24 juin 2023 (10 minutes avant le début de l’événement), je me suis inscrit, j’ai été accueilli avec les plus beaux sourires et on m’a remis un « sac à surprises » rempli d’articles extraordinaires. En entrant dans la salle, j’ai été accueilli par des bénévoles et des experts médicaux, dont certains que je n’avais jamais rencontrés auparavant qui souhaitaient sincèrement apprendre à me connaître et à apprendre sur mon état de santé. En outre, même si je ne connaissais aucun des participants, j’ai rapidement sympathisé avec différentes personnes en constatant qu’elles étaient moins intimidantes que je ne l’imaginais.

            Lorsque la conférence a officiellement commencé, j’ai été choqué de voir le nombre de professionnels de la santé qui prenaient le temps de présenter les résultats de leurs recherches sur le SLD. Ils ont fait une présentation approfondie et informative sur des sujets tels que la racine aortique, la génétique, la défense des interêts au sein du système médical Canadien et les effets psychologiques d’un diagnostic de cette maladie. Bien qu’il y ait eu beaucoup d’informations à assimiler en une seule fois, j’en ai appris bien plus qu’en tapant moi-même « SLD » sur Google ou en lisant de longs articles de recherche derrière des murs payants.

Une fois la session recherche et science terminée, j’ai été heureux que les patient.e.s aient eu la possibilité de poser des questions. La dynamique de la relation « spécialiste-patient » et « conférencier-public » s’en est trouvée normalisée, car on avait l’impression d’assister à une conversation décontractée plutôt que d’être convoqué dans un bureau pour expliquer un diagnostic. J’ai aussi particulièrement apprécié les ateliers, notamment “Stress, Worry and Family Dynamics in Aortic Health” avec le Dr Sulaye Thakrar, car ceux-ci m’ont permis de connaître d’autres participants par leur nom, de partager nos histoires personnelles et de tisser des liens à travers le traumatisme de la vie avec le SLD. C’est là qu’une conversation distincte s’est engagée et que j’ai fini par parler à deux autres personnes pendant deux heures entières. Pendant ce temps, nous avons eu une conversation honnête, brute et vulnérable sur la manière dont le SLD a façonné nos vies actuelles et ce qui nous inspire pour l’avenir. Des sujets tels que la transmission de cette maladie génétique à nos enfants, le maintien d’un bon équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée, le sentiment constant d’être un fardeau pour les autres, la morbidité et le fait de laisser nos proches derrière nous, ainsi que le tourment intérieur de haïr notre corps parce qu’il ne fonctionne pas comme prévu, ont été abordés parmi beaucoup d’autres. Cela m’a fait chaud au cœur et m’a guéri, et je n’ai pas honte de dire que j’ai pleuré tout au long de ces deux heures. Pendant un certain moment, je me suis senti, isolé, et coincé dans ma condition, n’ayant personne à qui parler et trop effrayé pour exprimer ces émotions à ma famille. J’avais l’impression que le SLD me consumait à de multiples niveaux, et c’est au SAH que j’ai pu tout lâcher.

            Après la pause déjeuner, ces sentiments de vulnérabilité se sont poursuivis lorsque nous avons écouté les histoires personnelles de personnes touchées par ces maladies génétiques, soit individuellement, soit par l’intermédiaire d’une personne de leur entourage. Ces récits ont fait couler encore plus de larmes en écoutant des personnes qui ont souffert autant, sinon plus, que moi en vivant avec le SLD. Bien que chaque histoire varie en fonction des expériences de vie, chaque personne semble avoir été confrontée à des “obstacles” similaires, notamment : les difficultés liées au système médical Canadien, l’acceptation du diagnostic, la peur des opérations pré et postopératoires, la culpabilité de transmettre leur maladie génétique à leurs enfants et la nécessité de faire face à la vie quotidienne en sachant que l’on est atteint d’une maladie comme le SLD. Au fur et à mesure que la journée s’achevait, j’ai commencé à comprendre l’importance de la narration et de la connectivité, en particulier dans une communauté comme celle-ci, et j’ai eu l’impression que la conférence se terminait parfaitement par une séance intime de musicothérapie. À 16 heures, j’avais le sentiment que tout ce que j’avais vécu lors de cette conférence était nécessaire à mon cheminement personnel vers l’acceptation.

Après l’événement

            Après mon retour en Ontario, j’ai eu envie de dépasser tous les sentiments négatifs à l’égard de mon diagnostic que j’avais fortement ressentis pendant mon année de congé. D’avril 2022 à juin 2023, j’étais en plein marasme, me sentant mal dans ma peau, dans mon corps et dans mon existence en général. J’ai écrit tout ce qui me tracassait dans une lettre et j’ai décidé de la brûler, mettant ainsi fin à mon année de deuil et de perte. Le lendemain, j’ai dressé une nouvelle liste remplie d’objectifs réalistes que je me suis fixé (par exemple, des étapes personnelles, un changement de carrière, la renaissance de mon amour pour l’écriture) alors que je travaille avec la Fondation du syndrome Loeys-Dietz pour enrichir l’expérience des patient.e.s SLD. En vérité, si je n’avais pas assisté à cette conférence, mes sentiments négatifs à l’égard du SLD auraient pris le dessus sur ma vie. C’est peut-être un peu exagéré, mais j’avais vraiment l’impression de sombrer dans la tristesse et la dépression. Aujourd’hui, je peux dire que cette conférence a changé ma vie pour le mieux, en m’engageant sur une nouvelle voie.

Avantages de la participation au SAH pour les patient.e.s SLD

Pour toute personne intéressée ou hésitante à participer à un tel événement, voici quelques avantages supplémentaires pour vous convaincre :

  • Sentiment de confort/communauté grâce aux relations avec des personnes qui ont des expériences similaires aux vôtres
  • Informatif et bien informé, qui s’appuie sur les connaissances antérieures du SLD
  • Processus de guérison (en particulier si vous vous sentez bloqué dans un état d’esprit négatif)
  • Interaction en face à face garantie avec des professionnels de la santé (sans les tracas supplémentaires d’un rendez-vous chez le médecin ou d’une liste d’attente annuelle pour parler avec eux).
  • Possibilités de réseautage avec des spécialistes médicaux en dehors de votre région (vous ne savez jamais si vous déménagerez à l’avenir, où votre carrière vous mènera, etc.)
  • Le sentiment d’être soutenu, reconnu et visible en tant que patient SLD est un atout indéniable.

 

En fin de compte, j’espère que vous tirerez les leçons de mon expérience, que vous vous lancerez et que vous vous rendrez compte qu’il existe une communauté pour les personnes comme nous. Tout ce que vous avez à faire, c’est de faire le premier pas vers la résilience. »

Témoignage de Sally :

« J’ai eu la merveilleuse opportunité d’assister au très attendu symposium sur les aortopathies héréditaires (SAH) qui s’est tenu cette année à Halifax, en Nouvelle-Écosse. En collaboration avec la Fondation du syndrome de Loeys-Dietz Canada et en tant qu’étudiante en conseil génétique, cet événement m’a vraiment ouvert les yeux. SAH a rassemblé un groupe diversifié de personnes, toutes animées d’une passion commune pour la défense des intérêts des personnes touchées par des troubles aortiques héréditaires. Ensemble, nous nous sommes engagés dans des discussions profondément significatives visant à améliorer la vie des personnes touchées par ces pathologies. Les sessions et les ateliers ont permis de mieux comprendre les défis auxquels sont confrontés les patient.e.s, les soignants et les professionnels de la santé. J’ai été véritablement captivée par les remarquables histoires de résilience et de détermination qui ont été présentées. Le symposium a également mis en lumière les progrès de la médecine, de la recherche et des ressources de soutien, favorisant ainsi l’émergence d’idées novatrices.

Dans l’ensemble, ce symposium a été l’occasion d’une démonstration collective de force et d’unité. Cette expérience m’a incité à continuer à participer activement au soutien de la communauté des maladies rares et à contribuer aux efforts continus pour une meilleure compréhension, un meilleur soutien et des avancées tout au long de ma carrière de conseillère génétique.

En outre, l’événement a mis en lumière le nombre important de personnes non diagnostiquées souffrant de troubles aortiques, soulignant les défis de notre système de santé.Il est devenu évident qu’il y a encore beaucoup de progrès à faire en termes de détection précoce, d’accès aux tests génétiques et à un diagnostic précis, d’accès aux options de traitement et de soutien holistique. Ces réalités constituent un appel à l’action, suscitant une détermination collective à plaider en faveur de l’amélioration des ressources en matière de soins de santé, de l’augmentation du financement de la recherche et du renforcement de la collaboration entre les professionnels de la santé, les chercheurs et les communautés de patient.e.s de l’ensemble du pays. Chaque personne atteinte d’une maladie rare doit recevoir les soins, le soutien et les réponses qu’elle mérite. »

Loeys-Dietz Syndrome Foundation Canada Team at the 2023 Heritable Aortic Disorders Symposium

Le symposium sur les aortopathies héréditaires qui s’est tenu à Halifax, en Nouvelle-Écosse, a été plus qu’une simple réunion d’experts médicaux et de patient.e.s ; ceci a été une convergence d’espoir, de résilience et d’engagement commun en faveur du progrès.

Nous remercions chaleureusement tous les participant.e.s qui ont honoré de leur présence le symposium 2023 sur les aortopathies héréditaires, enrichissant l’événement de leurs perspectives uniques et de leur engagement inébranlable en faveur de l’échange de connaissances et de la création d’une communauté.

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