La génétique et le syndrome de Loeys-Dietz

Strand of DNA

Le syndrome de Loeys-Dietz (SLD) est une maladie génétique qui affecte le tissu conjonctif du corps. En tant que maladie génétique, elle peut être retracée dans vos gènes et peut être transmise à vos enfants. Que sont les gènes ? Quel impact la génétique et le syndrome de Loeys-Dietz peuvent-ils avoir sur vous et votre famille ? Poursuivez votre lecture pour en savoir davantage. 

La génétique 101

Nos cellules utilisent l’information génétique connue sous le nom d’ADN (acide désoxyribonucléique) pour fabriquer des molécules qui aident le corps à fonctionner correctement. Des régions spécifiques de l’ADN sont appelées gènes, et chaque gène contient de l’information nécessaire à la fabrication de molécules et de protéines. Les molécules peuvent agir ensemble dans une série d’actions appelée une voie biologiquepour accomplir des tâches au sein de la cellule ou du corps. Ces tâches comprennent la fabrication d’autres molécules (des voies métaboliques), l’activation ou la désactivation de gènes (des voies de régulation des gènes) et la transmission de signaux de l’extérieur de la cellule vers l’intérieur (des voies de transduction des signaux). Ces tâches permettent au corps de fonctionner correctement.

L’ensemble complet d’ADN d’un être humain, connu sous le nom de génome humain, est légèrement différent pour chaque personne. Il comprend environ 20 000 à 25 000 gènes et moins de 1 % du génome diffère entre les personnes. Certaines différences génétiques peuvent être causées par des mutations, soit des changements dans la séquence d’ADN qui peuvent ou non être nuisibles au corps. 

Quelles sont les causes du SLD ?

Le syndrome de Loeys-Dietz est causé par une mutation dans l’un des gènes suivants :

  • TGFBR1 (Facteur de croissance transformant le récepteur bêta 1; SLD de type 1)
  • TGFBR2 (Facteur de croissance transformant le récepteur bêta 2; SLD de type 2)
  • SMAD3 (Pour « mothers against decapentaplegic homolog 3 »; SLD de type 3)
  • TGFB2 (facteur de croissance transformant le récepteur bêta 2; SLD de type 4)
  • TGFB3 (facteur de croissance transformant le récepteur bêta 3; SLD de type 5)
  • SMAD2 (Pour « mothers against decapentaplegic homolog 2 »; SLD de type 6)

Chacun de ces gènes contient des instructions pour fabriquer une protéine spécifique portant le même nom que le gène. Les protéines interagissent entre elles et avec d’autres molécules

dans une voie de transduction du signal appelée la voie du TGF bêta. Les protéines TGFB2ou TGFB3 se lient aux récepteurs TGFBR1 et TGFBR2 et les réunissent. Ces récepteurs se trouvent à la surface de la cellule et permettent la transmission de signaux de l’extérieur de la cellule vers l’intérieur. Le TGFBR1 transmet le signal aux protéines SMAD2 ou SMAD3, qui se lient à d’autres protéines et règlent le développement, la croissance, la fonction immunitaire et le maintien des tissus.

tgf beta pathway
Voie du TGF bêta

Non-SMAD pathway : voie alternative non-SMAD
TGF-BETA-induced cell responses : réponses cellulaires induites par TGF bêta

Source: Fabregat I, Cabellero-Diaz D. 2018. Transforming Growth Factor-B-Induced Cell Plasticity in Liver Fibrosis and Hepatocarcinegenesis; Figure 1: Canonical (Smad-dependent) and non-canonical (Smad-independent) TGF-B signaling pathways. Frontiers in Oncology. https://doi.org/10.3389/fonc.2018.00357

Lorsqu’une mutation causant le SLD se produit dans le TGFBR1, le TGFBR2, le TGFB2, le TGFB3, le SMAD2 ou le SMAD3, le gène ne peut pas transmettre correctement ses instructions de fabrication de la protéine. La protéine ne fonctionne pas correctement; ainsi, elle perturbe le rôle de la voie du TGF bêta dans le corps et provoque finalement les signes et symptômes du SLD.

Le dépistage génétique et le conseil génétique

Qu’est-ce que le dépistage génétique ?

Le dépistage génétique permet à un laboratoire d’analyser l’ADN et d’identifier les mutations qui peuvent causer des maladies. Les tests génétiques nécessaires sont prescrits par des professionnels de la santé et peuvent confirmer un diagnostic comme le syndrome de Loeys-Dietz.

Nous vous recommandons de rencontrer un.e généticien.ne ou un.e conseiller.ère en génétique avant de subir un test et après l’avoir complété. Les professionnels en génétique sont formés pour aider les individus et les familles à prendre des décisions éclairées. Ils vous offrent un soutien émotif, des informations sur les troubles génétiques, des ressources et discutent également des implications des divers résultats de tests.

Quel sera le résultat de mon test ?

Le dépistage génétique peut donner un résultat positif, un résultat négatif ou un variant de signification inconnue.

Un résultat positif signifie que le test a identifié un variant pathogène (mutation connue pour provoquer une maladie) ou un variant pathogène probable (mutation susceptible de provoquer une maladie). Ces résultats peuvent être utilisés pour confirmer un diagnostic.

Un résultat négatif indique que le test a détecté une variante bénigne (mutation non connue pour causer une maladie) ou une variante probablement bénigne (mutation non susceptible de causer une maladie), ou n’a pas trouvé de mutation.

Un résultat de variante de signification inconnue (VUS) signifie que le test a détecté une mutation qui peut ou non causer une maladie. Les chercheurs auront besoin de plus de temps, d’études et de données sur les patients pour déterminer si la mutation est associée à la maladie.

Après le test, un professionnel de la santé peut utiliser les résultats du test, le type de test, ainsi que les symptômes et les antécédents familiaux de la personne pour discuter du diagnostic de la personne (le test peut confirmer ou non un diagnostic) et pour créer un plan de traitement et de suivi adapté à la personne.

Dans le cas d’un résultat négatif ou VUS, les personnes peuvent envisager la mise en banque (stockage) de leur ADN pour des tests génétiques futurs. Ces tests futurs pourraient éventuellement fournir de nouveaux résultats suite à de nouvelles percées dans notre compréhension de la génétique du SLD.

D’où provient ma mutation ?

Environ 75 % des personnes atteintes de SLD sont les premiers membres de leur famille à être atteints de cette maladie. Leur mutation de novo (nouvelle) se produit au hasard dans la cellule reproductrice d’un parent (ovule ou sperme) ou pendant la conception ou l’embryogenèse (lorsque l’embryon se développe). Aucune cause parentale, telle que la prise de médicaments ou la consommation d’alcool, n’est à l’origine de la mutation.  

Environ 25 % des personnes atteintes de SLD ont un parent atteint de cette maladie. Leur mutation est transmise de parent à enfant selon un modèle d’hérédité ditautosomique dominant. “Autosomique” signifie que la mutation se trouve dans un gène situé sur un chromosome autosomique (une longue molécule composée d’ADN et de protéines qui n’intervient pas dans la determination du sexe de l’enfant). “Dominant” signifie qu’un enfant peut être atteint du SLD après avoir reçu une copie du gène muté d’un parent et une copie du gène normal de l’autre parent ; il suffit qu’il reçoive une copie du gène muté (et non deux) pour être atteint du SLD. En raison du mode de transmission autosomique dominant, les personnes atteintes du SLD ont 50 % de chances de transmettre leur mutation génétique à chacun de leurs enfants. Cependant, il est impossible de prédire le degré de toute manifestation potentielle du SLD (vasculaire, squelettique, cutanée ou autre) chez un enfant.

Comment serai-je affecté ?

Le degré d’atteinte du SLD varie d’une personne à l’autre, même si elles souffrent du même type de SLD. Toutefois, les données initiales démontrent que les mutations des gènes TGFBR1 et TGFBR2 ont une plus grande pénétrance que les autres mutations responsables du SLD, ce qui signifie que les personnes atteintes du SLD de type 1 et 2 (mutations des gènes TGFBR1 et TGFBR2, respectivement) sont plus susceptibles de manifester les signes et symptômes du SLD.

Comment ma famille sera-t-elle affectée ?

Lorsqu’une personne reçoit son diagnostic, cela peut soulever d’importantes questions génétiques pour les membres de sa famille.

Pour les parents d’une personne atteinte de SLD : 

  • Environ 25 % des personnes diagnostiquées de SLD ont un parent atteint de SLD.
  • Si la mutation à l’origine du SLD de la personne est connue (par exemple, elle reçoit un résultat positif à un test génétique), il est recommandé que les deux parents subissent un test génétique pour la mutation.
  • Si la mutation de l’individu est inconnue, il est recommandé de procéder à un examen clinique (physique) des deux parents.

Pour les frères et sœurs d’une personne atteinte de SLD : 

  • Si le parent de la personne est atteint du SLD (cliniquement ou par le biais d’un test génétique), il y a 50 % de chances que le frère ou la sœur de la personne ait hérité de la mutation et de l’affection à l’origine du SLD.
  • Si les parents de l’individu semblent cliniquement (physiquement) non affectés et que les résultats des tests génétiques sont négatifs, le risque pour les frères et sœurs est faible. Cependant, ils sont toujours considérés plus à risque que le reste de la population, en raison de la possibilité de parents qui sont àpénétrance réduite (personnes atteintes d’un trouble génétique qui n’expriment pas les manifestations de la maladie) ou du mosaïcisme (une condition où, au lieu d’avoir toutes les cellules avec la même génétique, une personne aura deux ou plusieurs groupes de cellules génétiquement différentes).
  • Une évaluation clinique et/ou un test génétique de la sœur ou du frère sont recommandés.  

Pour les enfants d’une personne atteinte de SLD :

  • Il y a 50 % de chances que l’enfant ait hérité la mutation à l’origine du SLD et l’affection.
  • Une évaluation clinique et/ou un test génétique de l’enfant sont recommandés.

Pour la famille élargie d’une personne atteinte de SLD :

  • Le risque pour la famille élargie dépend du lien de parenté (parent, frère ou sœur, enfant) avec un autre membre de la famille atteint de SLD.

Un examen clinique (physique) complet et/ou un test génétique sont importants pour le diagnostic d’une famille. La famille d’une personne peut être atteinte du SLD mais ne pas sembler l’être en raison d’un examen clinique incomplet, de symptômes apparaissant plus tard dans la vie, d’une pénétrance réduite ou d’un mosaïcisme. Un spécialiste en génétique peut aider à expliquer ces possibilités, à organiser un examen clinique approfondi et un test génétique, et à discuter des prochaines étapes.

Planification familiale

Il est recommandé que les personnes atteintes du SLD qui sont en âge de procréer et qui souhaitent avoir des enfants rencontrent un spécialiste en génétique pour discuter du risque de récurrence (la probabilité que des membres de la famille, comme la descendance, soient atteints du SLD). 

Grâce aux progrès des tests génétiques, il existe désormais diverses options de planification familiale pour le syndrome de Loeys-Dietz. Si la mutation familiale est connue, un test SLD peut être effectué avant et pendant la grossesse. Le test peut aider les personnes à avoir un enfant sans syndrome de Loeys-Dietz ou à recevoir un diagnostic précoce pour leur enfant. Un spécialiste peut discuter des préoccupations médicales, personnelles et financières afin d’aider les familles à choisir l’option qui leur convient le mieux.

Avant la grossesse, une fécondation in vitro peut être réalisée en laboratoire pour combiner un ovule et un spermatozoïde préalablement collectés en un embryon. L’embryon peut ensuite être testé pour le SLD par le biais d’un test génétique préimplantatoire. Les embryons non affectés par le SLD peuvent être implantés chez la mère ou la mère porteuse.

Pendant la grossesse, les tests prénataux peuvent aider à déterminer si la progéniture est susceptible de présenter certaines anomalies congénitales ou conditions génétiques. Pour le dépistage du SLD, des options telles que le prélèvement de villosités choriales (CVS) et l’amniocentèse sont disponibles dès la 10e semaine de grossesse. Les résultats des tests peuvent être utilisés pour l’interruption de la grossesse ou pour un diagnostic et un suivi précoces.

Comment puis-je être diagnostiqué et faire un dépistage ?

En savoir plus sur le diagnostic du syndrome de Loeys-Dietz, qui peut inclure un examen clinique (physique) et un test génétique.

Pour les tests génétiques, demandez à un professionnel de santé, comme votre médecin de famille, s’il est possible de recevoir des tests et de consulter un professionnel de la génétique. Au Canada, le dépistage peut être couvert par le régime d’assurance-maladie de votre province, par un régime privé ou par les avantages sociaux offerts par votre employeur, et la consultation génétique dans une clinique publique est gratuite.

Ressources

Pour les signes et symptômes du SLD, vérifier notre algorithme De la tête aux pieds

 

Pour un soutien par les pairs, visiter un groupe Facebook fermé, géré par la communauté : Loeys-Dietz Families

 

Pour des professionnels de la santé près de vous, cliquer ici 

 

Pour les cliniques de génétique médicale près de vous, cliquer ici 

 

Pour les laboratoires de dépistage génétique, consulter :

Références

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